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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Mais ce sacré commandant ne cessait de rougir et d’être pressé. Il était esclave d’un programme : la journée n’était pas finie. Il montra une feuille de papier. Ces messieurs devaient reprendre l’auto à deux heures, et, tout près de Londres, visiter une usine de munitions.

— Munitions ! Mais nous ne sommes pas prévenus, dit Barbet de mauvaise humeur. Je commence à connaître ça, les munitions !… Oh ! moi, je veux me reposer.

Puis il remarqua sur la feuille qu’il y avait trois mots soulignés, et le commandant écossais, baragouinant comme il put, lui expliqua que cela voulait dire : « Ateliers de femmes. »

— Ah ! dit Barbet, si c’est pour voir des femmes… le travail des femmes ça c’est toujours intéressant…

Il retrouva sa gravité de parole, et il continua, pour le commandant qui ne comprenait rien mais eut une extrême rougeur subite :

— Après la guerre, la question de la concurrence féminine, n’est-ce pas…

Un, deux. On marchait vers l’auto. Ces messieurs montèrent, le commandant écossais devint cramoisi (cette fois ses mollets même rougirent), et en route pour l’usine.