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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Il était midi. Il chercha un restaurant, et devant Charing-Cross, il tomba dans les bras… de M. John Pipe… Par exemple !… de M. John Pipe qui n’était pas seul ! qui… donnait le bras à une jeune femme très fraîche, et qui, d’ailleurs, ne parut nullement troublé d’être rencontré en cette aimable compagnie. Au contraire ; il présenta tout de suite :

— Monsieur Barbet, Français, important journaliste… Evelyn…

Il était rajeuni, tout frais de teint, les yeux vifs, et il avait revêtu un complet gris clair, avec de petites et grosses taches noires, d’une étoffe curieuse, mêlée, mouchetée, qui lui donnait l’aspect d’un joyeux chien de berger. Le pantalon avait un pli au bas qui le relevait sur des souliers jaunes de couleur vive aussi et gaie. Mais Barbet était surtout bien occupé par la jeune femme, qui lui parut gentille. Toute jeunette : vingt ans, pas plus, un peu maigre encore, mais d’une grâce touchante, quelque chose de fluet, d’inquiet, d’intéressant… Elle n’était pas mal Evelyn ? Eh ! eh !… Alors ? C’était sa bonne amie à ce sacré John Pipe ? C’est qu’il avait une façon de la tenir serrée par le bras…

— Mongsieur Bâbette, voulez-vous me per-