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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

palpitante et émue et un rien de fatigue sous les yeux qui fit penser à Barbet que… c’était une fausse novice. Ah ! ces Anglaises !… Et ce sacré John Pipe !… Evelyn ! Voilà ! Pas plus de pudeur que ça ! Il vous la présentait. Tout de même, c’était du nez de tomber sur eux juste au moment où ils allaient s’offrir un petit déjeuner amoureux et sans doute savoureux !

— Je commande des huîtres, fais-je ? dit M. John Pipe.

— Tout ce que vous voudrez, dit Barbet.

Lui, ce qu’il eût voulu, c’était causer avec la demoiselle ; mais elle ne paraissait rien entendre au français, et sans s’occuper d’ailleurs de ce journaliste plus que s’il n’existait point, de ses petits doigts minces elle mettait son couvert en ordre, rajustait son chapeau, et refermait un peu sur son cou le corsage en crêpe de chine rose.

— Cré nom ! se dit Barbet. Il n’a pas mal choisi ce vieux John Pipe.

Ce déjeuner fut d’abord fort agréable. M. John Pipe annonça qu’il avait reçu une lettre de son cher garçon James, qui lui disait avoir commencé à M. Barbet une histoire très drôle, n’avoir pas eu le temps de l’achever avant qu’il partit, et qui, de ce fait, l’envoyait par écrit, la contant tout