Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/45

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à cette esclave : « Ottilie… (elle s’appelait Ottilie !), Madame se plaint avec amertume… et juste raison. Je vous donne vos huit jours, c’est-à-dire que je vous les paie, et que je vous somme de passer sur le palier immédiatement ! »

Mme Hamelin. — Et alors ?

Pierre, qui s’énerve en parlant. — Alors, elle est passée… Et j’ouvre ma porte toutes les cinq minutes ! Et il m’est impossible de lire une ligne !… Si bien que je commence à m’énerver et que c’est une chance exceptionnelle que j’aie consenti à vous introduire !…

Suzanne. — Nous te remercions.

Un temps.

Mme Hamelin. — Ce que je ne comprends pas, c’est l’attitude de ta femme.

Pierre, amer. — Très simple, Marinette n’aime pas s’occuper de ce qui l’embête : quand la maison ne marche plus, elle file.

Mme Hamelin. — Oh ! ce sont des mots, ce n’est pas possible !

Pierre. — Tu ne connais pas ta belle-fille.

Mme Hamelin. — Enfin, ce n’est pas toi qui vas chercher une bonne ?

Pierre. — Ni elle.

Mme Hamelin. — Alors, c’est moi ?

Pierre. — Bien volontiers !

Mme Hamelin. — Et le ménage ?

Pierre. — Je viens déjà d’essuyer ma table avec mes coudes…

Mme Hamelin, croisant les bras. — C’est insensé !

Suzanne. — Oh !

Mme Hamelin. — Nous vivons à une époque inouïe ! Les jeunes femmes deviennent scandaleuses !… D’ailleurs, on ne les élève