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LES PLAISIRS DU HASARD

fille ! » il l’épousera sur l’heure et l’enlèvera sur un coursier, dont les naseaux jetteront du feu !

Le Docteur. — L’image n’est pas heureuse.

La Femme du Docteur. — Non, ce n’est guère son genre.

Le Docteur. — Et il ne l’épousera pas, parce que, malheureusement, elle ne voudra pas de lui.

Le Fils. — Permettez-moi, mes chers parents, de ne pas être de votre avis.

Le Docteur. — Tu es de l’avis de tes dix-sept ans, qui ne représentent pas une grande expérience.

Le Fils. — J’ai la prétention de connaître ma sœur.

Le Docteur. — Prétention. Tandis que moi, je suis sûr de la connaître.

La Femme du Docteur. — Moi aussi, un peu.

Le Docteur. — Ta sœur est une petite fille, qui a des qualités rares, mais avec sa stricte conscience et son minutieux sens de l’ordre…

La Femme du Docteur. — Devant ce garçon primesautier…

Le Docteur. — Ce sera l’effarement !

Le Fils. — Vous ne la connaissez pas du tout : il n’y a pas de cœur plus ardent que celui d’Ève !

Le Docteur. — Ah ! Ah !

Le Fils. — Moi je l’ai vue rentrer du bal.

Le Docteur et sa Femme. — Quel bal ?

Le Fils. — Nous avons, la dernière fois, causé dans ma chambre jusqu’au petit jour.

Le Docteur. — Causé de quoi ?