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LES PLAISIRS DU HASARD

Le Fils. — Je vous jure que je lui ai dit ce que je répète là.

Ève. — Et qui t’en a chargé ?

Le Fils. — Comment ? Mes parents me dépeignent ma sœur ; ils m’affirment qu’ils sont sûrs…

Le Docteur. — Je suis sûr que je vais te tirer les oreilles.

Le Fils. — Voilà ! Troisième essai de conversation. Troisième échec. Pour la troisième fois je me retire dans mes appartements.

(Il sort.)

Ève. — Il est révoltant !

La Femme du Docteur. — Allons, du calme.

Le Docteur. — Ce n’est pas au moment où tu vas faire la connaissance de notre ami…

Ève. — Oh ! Je ne veux même plus le voir !

(Elle s’enfuit.)

Le Docteur. — Et allez donc !… Mademoiselle Jacqueline, ma nièce, vous voyez comme on traite les vieux parents… Vous ne le voyez que trop… Vous ne dites rien, mais vous me dévisagez avec de petits yeux observateurs qui m’intimident… Vous prenez une leçon pour plus tard. Parlons vite d’autre chose. Racontez-moi encore ce que devient ce petit chat ?

Jacqueline. — Il est grand !

Le Docteur. — Qu’est-ce qu’il fait ?

Jacqueline. — Il a mangé un p’tit z’oseau.

Le Docteur. — Le méchant ! Alors, tu ne l’aimes plus ?

Jacqueline. — Si.