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ACTE TROISIÈME
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Ève, gaîment. — Oui, Monsieur.

Emmanuel. — Je suis honteux !

Ève. — De quoi donc ?

Emmanuel. — De… vous voir rire.

Ève. — On ne vous a pas dit que j’étais gaie ?

Emmanuel. — Non.

Ève. — À moi on m’a dit que vous étiez spirituel.

Emmanuel. — Oh !… Qui ?

Ève. — Mon père, ma mère, mon frère et le domestique.

Emmanuel. — Quelle réputation ! Je ne m’en remettrai pas !

Ève. — Si. Nous allons nous asseoir et causer à bâtons rompus ; ce sera très drôle. D’ailleurs, je m’amuse toujours, tant qu’on ne me présente pas un mari.

Emmanuel. — Parole sage !

Ève. — Vous aussi, redoutez les présentations ?

Emmanuel. — Et les scènes d’amour… Des mots !… La vie est un enchevêtrement de petites histoires, parmi lesquelles il faut rester coi et se laisser faire, de peur d’emmêler tout. Soudain, on épouse qui on doit épouser… On le sent. Rien à dire.

Ève. — Et c’est en somme très simple.

Emmanuel. — Mademoiselle, tout est simple.

Ève. — Sauf quand votre malice complique tout.

Emmanuel. — Ma malice ?

Ève. — Je connais de vos exploits.