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Page:Benoit L Atlantide.djvu/105

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Curieuse marche, en vérité. Pendant les premières heures, avec la planchette à boussole, j’avais essayé de relever la route que nous suivions. Mais mon tracé s’était vite emmêlé : sans doute une erreur dans l’étalonnage du pas des chameaux. Alors, j’avais remisé la planchette dans une de mes fontes. Désormais, sans contrôle, Eg-Anteouen était notre maître. Nous n’avions plus qu’à lui faire confiance.

Il allait devant, Morhange le suivait. Je fermais la marche. Les plus curieux spécimens de roches éruptives s’offraient à chaque moment à mes regards, mais en vain. Je ne m’intéressais plus à ces choses. Une autre curiosité s’était emparée de moi. La folie de Morhange était devenue mienne. Si mon compagnon était venu me dire : « Ce que nous faisons est insensé ; revenons en arrière, vers les pistes tracées, revenons. » Je lui aurais, dès cette minute, répondu : « Vous êtes libre. Moi, je continue. »

Vers le soir du deuxième jour, nous nous trouvâmes au pied d’une montagne noire, dont des contreforts déchiquetés se profilaient à deux mille mètres au-dessus de nos têtes. C’était un énorme bastion ténébreux, aux arêtes de donjon féodal, qui se dessinait avec une incroyable netteté sur le ciel orange.

Un puits se trouvait là, avec quelques arbres, les premiers que nous rencontrions depuis que nous nous étions enfoncés dans le Hoggar.

Un groupe d’hommes l’entourait. Leurs cha-