Page:Benoit L Atlantide.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Un Targui Hoggar saisit la bride du cheval du capitaine Masson, — dit Morhange.

— Cegheïr-ben-Cheïkh tenait celle du cheval du colonel Flatters, — dit Eg-Anteouen.

— Le colonel met le pied à l’étrier et reçoit en même temps un coup de sabre de Cegheïr-ben-Cheikh, — dis-je.

— Le capitaine Masson tire son revolver et fait feu sur Cegheïr-ben-Cheïkh, à qui il coupe trois doigts de la main gauche, — dit Morhange.

— Mais, — achève Eg-Anteouen imperturbable, — Cegheïr-ben-Cheïkh, d’un coup de sabre, fend le crâne au capitaine Masson.

Il a un petit rire silencieux et satisfait en prononçant cette phrase. La flamme mourante l’éclaire. Nous voyons le tuyau de sa pipe noir et luisant. Il la tient de la main gauche. Un doigt, deux doigts seulement à cette main. Tiens, je n’avais pas encore remarqué ce détail.

Morhange aussi vient de s’en apercevoir, car il termine, dans un rire strident.

— Alors, après lui avoir fendu le crâne, tu l’as dévalisé, tu lui as pris sa pipe. Bravo, Cegheïr-ben-Cheïkh !

Cegheïr-ben-Cheïkh ne répond pas. Mais on sent son contentement intime. Il fume toujours. Je ne distingue plus ses traits que mal. La flamme du feu pâlit, la flamme est morte. Jamais je n’ai tant ri que ce soir. Morhange, non plus, j’en suis sûr. Il va peut-être en oublier le cloître. Tout cela parce que Cegheïr-ben-Cheïkh a volé sa pipe au capitaine