Page:Benoit L Atlantide.djvu/139

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« Je suis fils de mes œuvres. Dès l’enfance, la prodigieuse impulsion donnée aux sciences historiques par le xixe siècle me frappa. Je vis où était ma voie. Je l’ai suivie, envers et contre tous.

« Envers et contre tous, je dis bien. Sans autres ressources que celles de mon travail et de mon mérite, je fus reçu agrégé d’histoire et de géographie au concours de 1880. Un grand concours. Sur les treize admis, il y eut des noms qui depuis sont devenus illustres : Jullian, Bourgeois, Auerbach… Je n’en veux pas à mes collègues aujourd’hui parvenus au faîte des honneurs officiels ; je lis avec commisération leurs travaux, et les pitoyables erreurs auxquelles les condamne l’insuffisance de leur documentation me dédommageraient amplement de mes déboires universitaires et me combleraient d’une ironique joie, si, depuis longtemps, je n’étais au-dessus de ces satisfactions d’amour-propre.

« Professeur au lycée du Parc, à Lyon, c’est là que je connus Berlioux, et que je suivis avec passion ses travaux sur l’histoire de l’Afrique. Dès cette époque, j’eus l’idée d’une très originale thèse de doctorat. Il s’agissait d’établir un parallèle entre l’héroïne berbère du viie siècle, qui lutta contre l’envahisseur arabe, la Kahena, et l’héroïne française qui lutta contre l’envahisseur anglais, Jeanne d’Arc. Je proposai donc à la Faculté des Lettres de Paris ce sujet de thèse : Jeanne d’Arc et les Touareg. Ce simple énoncé