Page:Benoit L Atlantide.djvu/146

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supposez, dans votre explication, dont je ne conteste pas l’ingéniosité, vous supposez exacte l’hypothèse de la mer Saharienne !

— Je la suppose et je la prouve, — répondit l’irascible petit vieillard, avec un coup sec frappé sur le bureau. Je sais bien ce que Schirmer et les autres ont avancé contre elle. Je le sais mieux que vous. Je sais tout, monsieur. Je tiens à votre disposition toutes les preuves. En attendant, ce soir au dîner, vous vous régalerez sans doute avec de succulents poissons. Et vous me direz si ces poissons-là, pêchés dans le lac que vous pouvez apercevoir de cette fenêtre, vous semblent des poissons d’eau douce.

« Comprenez bien, — poursuivit-il plus calme, — l’erreur des gens qui, croyant à l’Atlantide, se sont mêlés d’expliquer le cataclysme où ils ont jugé que l’île merveilleuse avait tout entière sombré. Tous, ils ont cru à un engloutissement. En l’espèce, il n’y a pas eu immersion. Il y a eu émersion. Des terres nouvelles ont émergé du flot atlantique. Le désert a remplacé la mer. Les sebkhas, les salines, les lacs Tritons, les sablonneuses Syrtes sont les vestiges désolés des flots mouvants sur lesquels cinglèrent jadis les flottes partant à la conquête de l’Attique. Le sable, mieux que l’eau, engloutit une civilisation. Aujourd’hui, de la belle île que la mer et les vents faisaient orgueilleuse et verdoyante, il ne reste que ce massif calciné. Seule a subsisté, dans cette cuvette rocheuse isolée à jamais du monde vivant, l’oasis merveilleuse que