Page:Benoit L Atlantide.djvu/165

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les coussins, au centre de la pièce. La plainte de la fontaine invisible murmurait à nos pieds.

M. Le Mesge était entre nous.

— Maintenant, vous savez, — répéta-t-il. — Vous savez, mais vous ne comprenez pas encore.

Alors, à voix très lente, il laissa tomber ces paroles.

— Vous êtes, comme ils l’ont été, des prisonniers d’Antinéa… Et Antinéa a à se venger.

— À se venger, — dit Morhange, dont le calme était revenu. — Et de quoi, je vous prie ? Qu’avons-nous fait, le lieutenant et moi, à l’Atlantide ? En quoi avons-nous encouru sa haine ?

— C’est une vieille, une très vieille querelle, — répondit gravement le professeur. — Une querelle qui vous dépasse, monsieur Morhange.

— Expliquez-vous, je vous prie, monsieur le professeur.

— Vous êtes les Hommes. Elle est la Femme. — dit la voix songeuse de M. Le Mesge. — Tout est là.

— Vraiment, monsieur, je ne vois… nous ne voyons pas bien.

— Vous allez comprendre. Avez-vous réellement oublié à quel point les belles reines barbares de l’antiquité ont eu à se plaindre des étrangers que la fortune poussa vers leurs rivages ? Le poète Victor Hugo a exprimé assez bien leurs détestables agissements dans son poème colonial intitulé la Fille d’O-Taïti. Si loin que nous reportent nos souvenirs, nous ne voyons que procédés