Page:Benoit L Atlantide.djvu/177

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de soie rouge rehaussait la sombre teinte de son visage, de ses bras, de ses pieds nus. Toutes quatre, elles entouraient l’espèce de tour de tapis blancs, recouverte d’une gigantesque peau de lion, sur laquelle Antinéa était accoudée.

Antinéa ! chaque fois que je l’ai revue, je me suis demandé si je l’avais bien regardée alors, troublé comme je l’étais, tellement, chaque fois, je la trouvais plus belle. Plus belle ! pauvre mot, pauvre langue. Mais vraiment est-ce la faute de la langue, ou de ceux qui galvaudent un tel mot ?

On ne pouvait se trouver en présence de cette femme sans évoquer celle pour qui Ephractœus soumit l’Atlas, pour qui Sapor usurpa le sceptre d’Osymandias, pour qui Mamylos subjugua Suze et Tentyris, pour qui Antoine prit la fuite…

Ô tremblant cœur humain, si jamais tu vibras,
C’est dans l’étreinte altière et chaude de ses bras.

Le klaft égyptien descendait sur ses abondantes boucles, bleues à force d’être noires. Les deux pointes de la lourde étoffe dorée atteignaient les frêles hanches. Autour du petit front bombé et têtu, l’uræus d’or s’enroulait, aux yeux d’émeraude, dardant au-dessus de la tête de la jeune femme sa double langue de rubis.

Elle avait une tunique de voile noir glacé d’or, très légère, très ample, resserrée à peine par une écharpe de mousseline blanche, brodée d’iris en perles noires.

Tel était le costume d’Antinéa. Mais elle, sous