languissamment. — Tu recevras d’ici peu mes ordres. Tanit-Zerga, reconduis-le. Montre-lui d’abord sa chambre. Il ne doit pas la connaître.
Je me levai et lui pris la main pour la baiser. Cette main, elle l’appuya fortement à mes lèvres à les faire saigner sous cette espèce de marque de possession.
J’étais maintenant dans le couloir sombre. La petite fille à la tunique de soie rouge allait devant.
— Voilà ta chambre, — dit-elle.
Elle reprit :
— Maintenant, si tu veux, je te mènerai vers la salle à manger. Les autres vont s’y réunir pour le dîner.
Elle parlait un adorable français zézayant.
— Non. Tanit-Zerga, non, je préfère rester ici, ce soir. Je n’ai pas faim. Je suis fatigué.
— Tu te rappelles mon nom, — fit-elle.
Elle en paraissait fière. Je sentis que j’aurais en elle, le cas échéant, une alliée.
— Je me rappelle ton nom, petite Tanit-Zerga, parce qu’il est beau[1].
J’ajoutai :
— Maintenant, laisse-moi, petite, je veux être seul.
Elle s’éternisait dans la pièce. J’étais touché et
- ↑ En berbère, tànit signifie source ; zerga est le féminin de l’adjectif azreg, bleu. (Note de M. Leroux.)