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dire, surtout quand elles ne reposent que sur des propos de mess.

— Parle.

— C’était en 1899. J’étais alors brigadier-fourrier, à Sfax, au 4e spahis. J’étais bien noté, et comme, en outre, je ne buvais pas, le capitaine adjudant-major m’avait désigné pour la popote des officiers. Vraiment, une bonne place. Le marché, les comptes, marquer les livres de la bibliothèque qui sortaient (il n’y en avait pas beaucoup), et la clef de l’armoire aux liqueurs, parce que, pour cela, on ne peut se reposer sur les ordonnances. Le colonel, étant garçon, prenait ses repas au mess. Un soir, il arriva en retard, le front un peu soucieux, et s’étant assis, réclama le silence :

« — Messieurs, — dit-il, — j’ai une communication à vous faire et vos avis à recueillir. Voici de quoi il s’agit. Demain matin, la Ville-de-Naples arrive à Sfax. Elle a à son bord le capitaine de Saint-Avit qui vient d’être affecté à Feriana et qui rejoint son poste.

« Le colonel s’arrêta : « Bon, pensai-je, c’est le menu de demain à soigner. » Car vous connaissez la coutume, mon lieutenant, suivie depuis qu’il y a en Afrique des cercles d’officiers. Quand un officier est de passage, ses camarades vont le chercher en bateau et l’invitent au cercle pour la durée de l’escale. Il paie son écot en nouvelles du pays. Ce jour-là, on fait bien les choses, même pour un simple lieutenant. À Sfax, un officier