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Londres. Sa fortune, immense, il se mit à la dilapider à la mort de ma mère, par chagrin, m’a-t-il dit. Quand il mourut à son tour, au moment de l’affaire Pritchard, il ne me laissait guère qu’un millier de livres sterling de rente, plus deux ou trois martingales, dont j’ai reconnu plus tard l’inopérance.

« Je ne me souviendrai jamais sans émotion de mes dix-neuvième et vingtième années, époque où je liquidai complètement ce petit héritage. Londres était véritablement alors une ville adorable. Je m’étais arrangé une très aimable garçonnière dans Piccadilly.

Picadilly ! Shops, palaces, bustle and breeze,
The whirling of wheels, and the murmur of trees.

« La chasse au renard en briska, les promenades en boggy à Hyde-Park, le raout, sans préjudice des petites parties fines avec les faciles Vénus de Drury-Lane prenaient tout mon temps. Tout, je suis injuste. Il restait le jeu, et un sentiment de pitié filiale me poussait à y vérifier les martingales du défunt comte mon père. C’est le jeu qui fut la cause de l’événement que je vais dire, et dont ma vie devait être si étrangement bouleversée.

« Mon ami lord Malmesbury m’avait répété cent fois : « Il faut que je vous mène chez une femme exquise qui habite Oxford Street, no 277, miss Howard. » Un soir, je me laissai faire. C’était le 22 février 1848. La maîtresse de maison était vraiment d’une beauté parfaite et les convives