Page:Benoit L Atlantide.djvu/229

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Cette fraîcheur de crypte parfumée m’a fait du bien. Il n’est pas d’endroit si sinistre qu’il ne soit comme clarifié par le murmure de l’eau courante. La cascade bruissant au milieu de la salle me réconforte. Un jour, avant un combat, j’étais couché avec ma section parmi les grandes herbes, attendant le moment, le coup de sifflet qui fait qu’on se lève sous les balles. À mes pieds, un ruisseau. J’écoutais le frais glou-glou. J’admirais les jeux d’ombre et de lumière dans l’eau transparente, les petites bêtes, les petits poissons noirs, les herbes vertes, le sable jaune et ridé… Le mystère de l’eau m’a toujours transporté.

Ici, dans la salle tragique, ma pensée est polarisée par la cascade ténébreuse. Je la sens amie. Elle me permet de ne pas défaillir au milieu des témoignages figés de tant de monstrueux forfaits.

Le numéro 26. C’est bien lui. Lieutenant Douglas Kaine, né à Edimbourg, le 21 septembre 1862. Mort au Hoggar, le 16 juillet 1890. Vingt-huit ans. Il n’avait pas vingt-huit ans ! Une face émaciée sous la gaine d’orichalque. Une triste bouche passionnée. C’est bien lui. Pauvre petit. — Edimbourg. — Je connais Edimbourg sans y être jamais allé. Des murailles du château, on aperçoit les collines de Pentland. « Regardez un peu plus bas, disait à Anne de Saint-Yves la douce miss Flora de Stevenson, regardez un peu plus bas, vous verrez, au pli de la colline, un bouquet d’arbres et un filet de fumée qui s’élève entre eux. C’est Swanston Cottage, où mon frère et moi demeurons avec ma