Page:Benoit L Atlantide.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« L’aube naissait à peine que j’allai trouver les laptots. Ils étaient étendus sur le pont de la canonnière, profitant de ce que les blancs reposaient encore pour fainéanter.

« J’avisai le plus vieux, et lui parlai avec autorité.

« — Écoute, j’ai vu cette nuit en rêve le corbeau noir. Il m’a dit que l’ombre des arbres de Gâo serait fatale la nuit qui vient à votre chef…

« Et, comme ils restaient tous immobiles, allongés, les yeux au ciel, sans même faire l’air d’avoir entendu, j’ajoutai :

« — Et à son escorte.


« Il était l’heure du plus haut soleil, et le colonel était en train de manger dans la case, avec les autres Français, quand le mécanicien entra.

« — Je ne sais ce qui a pris aux laptots. Ils travaillent comme des anges. S’ils continuent ainsi, mon colonel, nous pourrons repartir ce soir.

« — Tant mieux, — dit le colonel, — mais qu’ils ne sabotent pas la besogne par trop de hâte. Nous n’avons pas besoin d’être à Ansango avant la fin de la semaine. Il vaut mieux repartir au jour.

« Je frémis. Suppliante, je m’approchai de lui et lui contai l’histoire de mon rêve. Il écouta, avec un sourire étonné, puis, à la fin, il me dit gravement :

« — C’est entendu, petite Tanit-Zerga, nous repartirons ce soir, puisque tu le veux.

« Et il m’embrassa.