Page:Benoit L Atlantide.djvu/28

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Au même moment, Châtelain apparaissait sur le seuil du bureau.

— Maréchal des logis chef, — dit sèchement le nouveau venu, — je n’ai pas de compliments à vous faire sur le peu que j’ai vu. Il n’y a pas une selle de mehari à laquelle il ne manque des boucles, et les plaques de couche des lebels sont dans un état à faire croire qu’il pleut à Hassi-Inifel trois cents jours par an. En outre, où étiez-vous cet après-midi ? Sur quatre Français que compte le poste, je n’ai trouvé, quand je suis arrivé, qu’un joyeux attablé devant un quart d’eau-de-vie. Tout cela changera, n’est-ce pas ? Rompez.

— Mon capitaine, — dis-je d’une voix blanche, tandis que Châtelain médusé restait au garde à vous, — je tiens à vous dire que le maréchal des logis était avec moi, que c’est moi qui suis responsable de son absence du poste, qu’il est un sous-officier irréprochable, à tous points de vue, et que si nous avions été prévenus de votre arrivée…

— Évidemment, — dit-il avec un sourire de froide ironie. — Aussi, lieutenant, n’ai-je pas l’intention de le rendre responsable des négligences qui doivent rester à votre actif. Il n’est pas obligé de savoir que l’officier qui abandonne, ne fût-ce que deux heures, un poste comme Hassi-Inifel, risque fort de ne pas trouver grand’chose à son retour. Les pillards Chaamba, mon cher camarade, aiment fort les armes à feu, et, pour s’adjuger les soixante fusils de vos râteliers, je suis sûr qu’ils n’auraient aucun scrupule à profiter,