Page:Benoit L Atlantide.djvu/280

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de soif au milieu des sables que rester ici. Allons…

— Chut, — fit-elle, pas encore.

Elle me montrait la vertigineuse arête éclairée violemment par la lune.

— Pas encore, il faut attendre. On nous verrait. Dans une heure, la lune aura tourné derrière la montagne, ce sera le moment.

Elle s’assit et resta sans mot dire, son haïk ramené complètement sur sa petite figure sombre. Priait-elle ? Peut-être.

Soudain, je ne la vis plus. L’obscurité était entrée par la fenêtre. La lune avait tourné.

La main de Tanit-Zerga s’était posée sur mon bras. Elle m’entraînait vers le gouffre ; je m’appliquai à ne pas trembler.

Au-dessous de nous, il n’y avait plus que l’ombre. À voix très basse, mais ferme, Tanit-Zerga me dit :

— C’est prêt, j’ai arrangé la corde autour de la colonne. Voici le nœud coulant. Passe-le au-dessous de tes bras. Ah ! prends ce coussin. Garde-le serré contre ton épaule malade… Un coussin de cuir… Il est bien rembourré. Tiens-toi face à la muraille. Il te protégera contre les heurts et le frottement.

J’étais maintenant très maître de moi, très calme ; je m’assis sur le bord de la fenêtre, les pieds dans le vide. Une bouffée d’air frais venue des cimes me fit du bien.

Je sentis dans la poche de ma veste la petite main de Tarit-Zerga.