Page:Benoit L Atlantide.djvu/289

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et ce jour-là, ne compte plus sur la complaisance de Cegheïr-ben-Cheïkh.

— Je reviendrai ? — murmurai-je en frissonnant.

— Tu reviendras, tu reviendras, — fit le Targui.

Il était debout, statue sombre au flanc du rocher gris.

— Tu reviendras, — reprit-il avec force. — Tu fuis maintenant, mais tu te trompes, si tu te figures revoir ton monde avec les mêmes yeux que lorsque tu l’as quitté. Une pensée, la même, va te suivre désormais partout, et un jour, dans un an, dans cinq, dans dix peut-être, tu repasseras par ce même couloir sous lequel tu viens de passer.

— Tais-toi, Cegheïr-ben-Cheïkh ! — fit la voix frémissante de Tanit-Zerga.

— Tais-toi, toi-même, vilaine petite mouche, — dit Cegheïr-ben-Cheïkh.

Il eut un ricanement.

— La petite a peur, vois-tu, parce qu’elle sait que ce que je dis est vrai, parce qu’elle connaît l’histoire, l’histoire du lieutenant Ghiberti.

— Le lieutenant Ghiberti ? — dis-je, les tempes trempées de sueur.

— C’était un officier italien, je l’avais rencontré entre Rhât et Rhadamès, il y a huit ans. Il se trouva que l’amour qu’il eut pour Antinéa, ne lui fit pas tout à fait oublier d’abord celui de la vie. Il essaya de se sauver, il y réussit, je ne sais comment, car, celui-là, je ne l’aidai pas ; il rentra dans son pays. Eh bien ! écoute : deux ans après, jour