Page:Benoit L Atlantide.djvu/293

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vaux publics avec cette attrayante mention  : « Plateau rocheux, sans eau, sans végétation, inhospitalier pour l’homme et les animaux. »

Rien, sinon peut-être quelques portions du Kalahari, n’est plus affreux que ce désert de rocaille. Ah ! Cegheïr-ben-Cheïkh ne s’était pas trop avancé en affirmant qu’on ne songerait pas à nous y poursuivre.

De grands pans de ténèbres s’obstinaient encore à ne pas vouloir devenir clairs. Les souvenirs s’entre-choquaient dans ma tête avec la plus parfaite incohérence. Une phrase me revint, textuelle : « Il semblait à Dick que, depuis l’origine des temps, il n’avait fait autre chose, dans son obscurité, que de fendre l’air sur le dos d’un méhari. » J’eus un petit rire : « Depuis quelques heures, pensai-je, je cumule les situations littéraires. Tout à l’heure, à cent pieds au-dessus du sol, j’étais le Fabrice de la Chartreuse de Parme au flanc de son donjon italien. Maintenant, voilà que je suis sur mon méhari le Dick de la Lumière qui s’éteint fendant le désert à la rencontre de ses compagnons d’armes. » Je ris encore, puis je frémis, je songeai à la nuit précédente, à l’Oreste d’Andromaque qui accepte d’immoler Pyrrhus… Une situation bien littéraire, aussi…


Cegheïr-ben-Cheïkh avait compté huit jours pour notre arrivée aux régions boisées des Aouelimiden, annonciatrices des steppes herbeuses du Soudan. Il connaissait bien la valeur de sa