Page:Benoit L Atlantide.djvu/301

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indiqué sur le papier de Cegheïr-ben-Cheïkh par le mot Tissaririn. Tissaririn est le duel de Tessarirt et veut dire deux arbres isolés.

Le jour naissait quand, enfin, j’aperçus les deux arbres, deux gommiers. Une lieue à peine nous en séparait, j’eus un hurlement de joie.

— Tanit-Zerga, courage, voilà le puits !

Elle écarta son voile, j’aperçus le pauvre visage angoissé.

— Tant mieux, — murmura-t-elle. — Tant mieux, parce qu’autrement…

Elle ne put achever.

Le dernier kilomètre, nous l’achevâmes presque en courant. On voyait déjà le trou, l’orifice du puits.

Enfin, nous l’atteignîmes.

Il était vide !


C’est une étrange sensation que de mourir de soif. D’abord, les souffrances sont terribles. Puis, elles s’apaisent. L’insensibilité vous gagne. De ridicules petits détails de votre vie surgissent, volent autour de vous comme des moustiques. Je me mis à me rappeler ma composition d’histoire pour l’entrée à Saint-Cyr, la campagne de Marengo. Obstinément, je me répétais : « J’ai dit que la batterie démasquée par Marmont au moment de la charge de Kellermann avait dix-huit pièces… Or, je me souviens, maintenant, elle n’était que de douze pièces. J’en suis sûr, de douze pièces.