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Il sourit évasivement, et, ce jour-là, nous ne poussâmes pas plus loin cet entretien.


Parmi les livres de Saint-Avit, j’avais remarqué un volumineux cahier muni d’une solide serrure. À plusieurs reprises, je le surpris en train d’y jeter des notes. Quand un motif quelconque l’appelait hors de sa chambre, il enfermait soigneusement cet album dans une petite armoire en bois blanc, due à la munificence de l’administration. Lorsqu’il n’écrivait pas, et que le service ne réclamait pas absolument son concours, il faisait seller le mehari qui l’avait amené, et, quelques minutes plus tard, de la terrasse du fortin, je pouvais voir la double silhouette, à grandes enjambées, disparaître à l’horizon, derrière un pli de terrain rouge.

Chaque fois, ces courses devenaient plus longues. De chacune, il rapportait une espèce d’exaltation qui me faisait le regarder au moment des repas, le seul que nous passions véritablement ensemble, avec une inquiétude chaque jour grandissante.

« Mauvais ! me dis-je, un jour que ses propos avaient brillé plus encore que de coutume par leur décousu. Il n’est pas agréable d’être à bord d’un sous-marin dont le commandant pratique l’opium. Quelle peut être sa drogue, à celui-là ? »

Le lendemain, j’avais jeté un rapide coup d’œil dans les tiroirs de mon camarade. Cette inspection, que je jugeais de mon devoir, me