Page:Benoit L Atlantide.djvu/44

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— André, — dis-je, blême, — je t’ordonne…

Il se redressa de toute sa hauteur :

— Eh bien, quoi ? En voilà, une affaire. Je t’ai autorisé à parler de l’Oued Tarhit, n’est-ce pas ? J’ai bien le droit, moi, je suppose…

— André !

Il regardait, maintenant, au mur, d’un air narquois, le portrait dont je venais de soustraire la petite épreuve à cette pénible scène.

— Là, là, je t’en prie, ne te fâche pas. Mais, vraiment, entre nous, avoue qu’elle est un peu maigre.

Et, avant que j’eusse trouvé le temps de lui répondre, il s’éclipsa, en fredonnant son honteux refrain de la veille :


             À la Bastille, à la Bastille,
             On aime bien, on aime bien
             Nini Peau d’Chien…

De trois jours, nous ne nous adressâmes pas la parole. Mon exaspération était indicible. Étais-je donc responsable de ses avatars ! Y avait-il de ma faute si, sur deux phrases, une semblait toujours quelque allusion…

« Cette situation est intolérable, me dis-je. Elle ne peut durer davantage. »

Elle devait cesser bientôt.

Une semaine après la scène de la photographie, le courrier nous arriva. À peine avais-je jeté les yeux sur le sommaire de la Zeitschrift, la revue allemande dont j’ai parlé déjà, qu’un sursaut d’étonnement me secoua. Je venais d’y