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du Tibesti et les Touareg du Hoggar. En chemin, — chaque explorateur ayant son violon d’Ingres — je n’étais pas fâché de songer que je pourrais examiner un peu la constitution géologique de ce plateau d’Éguéré, sur laquelle Duveyrier et les autres sont si désespérément brefs[1].

Tout était prêt pour mon départ d’Ouargla. Tout, c’est-à-dire peu de chose. Trois meharâ : le mien, celui de mon compagnon Bou-Djema, — un fidèle Chaamba, que j’avais eu avec moi dans ma randonnée vers l’Aïr, moins guide, dans des pays que je connais, que machine à bâter et à débâter les chameaux, — plus un troisième, portant les vivres et outres d’eau potable, très petites, les haltes avec puits ayant été, par mes soins, suffisamment repérées.

Des gens sont partis, pour ces sortes de voyages, avec cent réguliers, et même du canon. Moi, j’en suis pour la tradition des Douls et des René Caillié : j’y vais seul.

J’en étais à cet instant délicieux où l’on ne tient plus que par un fil au monde civilisé, lorsqu’une dépêche ministérielle arriva à Ouargla.

« Ordre au lieutenant de Saint-Avit, y était-il dit brièvement, de surseoir à son départ jusqu’à l’arrivée du capitaine Morhange qui doit l’accompagner dans son voyage d’exploration. »

  1. Je n’ai aucune indication sur la nature de la roche d’Éguéré, mais tout me porte à croire que la masse est de grès. H. Duveyrier, Les Touareg du Nord, p. 86, (Note de M. Leroux.)