Page:Benoit L Atlantide.djvu/53

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sion coloniale française, qui s’est toujours faite à l’insu des pouvoirs, quand ce n’a pas été malgré eux.

— Quoi qu’il en soit, le résultat sera le même, — dis-je amèrement : nous allons être deux Français à nous épier nuit et jour, sur les routes du Sud. Aimable perspective, alors qu’on n’a pas trop de toute son attention pour déjouer les facéties des indigènes. Quand va-t-il être ici, ce Monsieur ?

— Après-demain, sans doute. Un convoi m’est annoncé de Ghardaïa. Il est vraisemblable qu’il en profitera. Tout porte à croire qu’il ne doit pas savoir très bien voyager seul.


Le capitaine Morhange arriva en effet le surlendemain à la faveur du convoi de Ghardaïa. Je fus la première personne qu’il demanda à voir.

Quand il pénétra dans ma chambre, où je m’étais retiré dignement, sitôt que le convoi avait été en vue, j’eus la surprise désagréable de constater qu’il me serait assez difficile de lui tenir longtemps rigueur.

Il était grand, le visage plein et coloré, les yeux bleus rieurs, la moustache petite et noire, les cheveux déjà presque blancs.

— J’ai mille excuses à vous adresser, mon cher camarade, — dit-il aussitôt, avec une franchise que je n’ai connue qu’à lui. — Vous devez bien en vouloir à l’importun qui a dérangé vos projets — et retardé votre départ.