Page:Benoit L Atlantide.djvu/68

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tant de sollicitude ne doit avoir rien de caché pour vous.

Nous nous étions arrêtés dans la vallée d’un petit oued desséché où poussaient quelques maigres plantes. Une source, près de là, avait autour d’elle comme une couronne de verdure grise. Les chameaux, débâtés pour la nuit, s’escrimaient, à grandes enjambées, à brouter d’épineuses touffes de had. Les parois noires et lisses des monts Tifedest montaient, presque verticales, au-dessus de nos têtes. Déjà, dans l’air immobile, s’élevait la fumée bleue du feu sur lequel Bou-Djema cuisait notre dîner.

Pas un bruit, pas un souffle d’air. La fumée, droite, droite, gravissait lentement les degrés pâles du firmament.

— Avez-vous entendu parler de l’Atlas du Christianisme ? — demanda Morhange.

— Je crois que oui. N’est-ce pas un ouvrage de géographie publié par les Bénédictins, sous la direction d’un certain Dom Granger ?

— Votre mémoire est fidèle. — dit Morhange. — Souffrez néanmoins que je précise des choses auxquelles vous n’avez pas eu les mêmes raisons que moi de vous intéresser. L’Atlas du Christianisme s’est proposé d’établir les bornes de la grande marée chrétienne, au cours des âges, et cela pour toutes les parties du globe. Œuvre digne de la science bénédictine, digne du prodigieux érudit qu’est Dom Granger.

— Et ce sont ces bornes que vous êtes sans