Et qu’ils me faſſent voir leur eſprit infidelle,
Je n’en murmure point, je ne me plains que d’elle,
Tous mes autres malheurs m’ont en vain combattu,
J’ai dans mon infortune exercé la vertu ;
Mais me voir lâchement trahy de Cleopatre,
C’eſtoit là le ſeul coup qui me pouvoit abatre.
Trahy d’elle ? Et comment ?
S’entendre avec Ceſar, luy faire des préſents,
Luy prêter contre moy le ſecours de mes armes,
Employer pour luy plaire, & ma vie, & ſes charmes,
N’est-ce pas me trahir ? N’est-ce pas juſtement
Provoquer la fureur d’un miſérable amant ?
Que Ceſar m’ait vaincu ſur la terre, & ſur l’onde,
Qu’il diſpose tout ſeul de l’Empire du monde,
Qu’il m’ait fait mille affronts, & qu’il ait oublié
L’honneur que je luy fay d’estre ſon allié,
Que je ſouffre l’effet de ſa haine ancienne,
Qu’il ait accru ſa gloire aux dépens de la mienne,
Ce n’eſt point pour cela que je luy veux du mal,
J’ayme mon ennemy, mais je hay mon Rival ;