Pas un d’eux n’a voulu paroiſtre ſon complice,
Suivre ſes pas honteux c’eſtoit ſuivre le vice,
Quand ils ſervoient Antoine il en eſtait loüé,
Ils ſervpient la vertu dont il estoit doüé :
Depuis l’ayant bannie en l’ardeur qui le preſſe
Ces dignes ſerviteurs ont ſuivy leur mâitreſse,
Ils ont veu qu’à vous ſeul leur ſervice étoit dû,
Qu’ils retrouvoient en vous ce qu’Antoine a perdu,
Ils ſçavent que le Ciel ne peut ſouffrir un trâitre,
Mais pour ne l’eſtre plus ils ſont contraints de l’eſtre,
Et n’ont pas creu commettre une infidelité
Abandonnant celuy que les dieux ont quitté.
„ Le ſort qui d’une palme abſolument diſpose
„ Ne favoriſe guere une mauvaiſe cauſe,
„ Et quelque different qu’en ce point on ait eu,
„ La fortune s’entend avecque la vertu :
Auſsi ſon changement qui cauſe tant de larmes
Ne fut jamais contraire au ſuccés de mes armes
Dans le juſte deſsein qui m’anime le cœur
De punir ce ſuperbe, & de venger ma ſœur.
Puis que ſa bonne humeur travaille à voſtre gloire,
Il faut