Page:Benserade - Cléopâtre, 1636.djvu/46

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De Bensseradde.

Et que je ſuis trahy de ta fidélité,
685La plupart de mes gens ont quitté mon ſervice,
Tu fais par ta vertu ce qu’ils font par leur vice,
Et comme cette troupe en ſes lâches projets
M’aymoit me hayſſant, en m’aimant tu me haits :
Dans l’état où tu vois ma fortune reduite
690Ce n’eſt point lâcheté que d’imiter leur fuite,
Et je doy ſouhaitter au point où je me voy
Que tu ſois pire qu’eux, ou qu’ils ſoient comme toy.
Qui te retient le bras ? Crains-tu de faire un crime ?
Où veux-tu m’obliger d’eſtre plus magnanime ?
695Rome ne gemit plus ſous mes ſuperbes Lois,
Et je ne marche plus ſur la teſte des Rois,
Ta deſobeyſſance icy te fait paroistre
Qu’à peine ſeulement ſuis-je encore ton maiſtre,
Ces vains titres paſſez cauſent-ils ton refus ?
700Et doy-je toujours eſtre à cauſe que je fus ?

Eros.

Prenez d’autres que moi pour vous eſtre homicides,
Un ſeul vous eſt fidelle, & cent vous ſont perfides :
Qu’un d’entre eux vous oblige en ce deſir preſſant,
Il eſt déja coupable, & je ſuis innocent,
705Qu’il repare ſur vous ma deſobeyſſance,

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