Pouvons-nous par des pleurs rendre le ſort plus dous,
Et ſoulager un mort, une mourante, & nous ?
Ce mal veut un ſecours plus puiſſant que le noſtre,
Pour faire vivre l’une, il faut r’animer l’autre,
„ Comme une ſeule vie anime deux amants,
„ Un ſeul trépas auſsi termine leurs tourmens.
Madame, elle revient.
Et les triſtes douleurs dont elle eſtoit ſuivie ?
Ce corps a ſuccombé ſous l’effort du trépas,
Mais je reviens, Antoine, & tu ne reviens pas,
J’ay perdu pour jamais cet objet que j’adore,
Je ſuis dans un ſépulcre, & ſi je vis encore :
Ciel, puis que vous m’oſtez ce tréſor précieux,
Que n’oſtez-vous auſsi la lumière à mes yeux,
Pourquoy dans les malheurs dont je ſuis affligée
De ce frivolle don vous ſeray-je obligée ?
Que feray-je des biens qui me ſont ſuperflus,
Et qu’ay-je plus à voir ſi je ne le voy plus ?
Que