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De Bensseradde.


Scène IV.

Cesar. Agrippe. Epaphrodite.
Cesar tenant l’eſpée d’Antoine.


Dieux par ce triſte exemple où le malheur preſide,
La fortune me rend, & ſuperbe, & timide !
Antoine, je te plains, c’eſt l’orgueil, & l’amour
1220Qui t’ont ravy l’Empire, & te privent du jour :
Devant l’injuſte effort de ta haine ancienne,
Quand nous eſtions amis ma gloire eſtoit la tienne,
Tu partageois l’honneur que les mortels me font,
Et tes lauriers de meſme alloient juſqu’à mon front,
1225Nous eſtions compagnons d’une meſme fortune,
Rome ſe diviſoit, & n’estoit pourtant qu’une,
L’on ne diſtinguoit point Antoine de Ceſar,
Pour un double triomphe il ne falloit qu’un char :
Auſsi tout nous offroit des conqueſtes aiſees,
1230Auſsi nos legions n’eſtoient pas oppoſees,
Nos communes grandeurs n’avoient aucun deffaut,
Jamais l’Aigle Romain n’avoit vollé ſi haut.
Faut-il que cette épée aux ennemis fatale,
Qui ſe rendit fameuſe aux plaines de Pharſale,
1235Qui de tant de vaincus avoit borné les jours,

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