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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Et dans les momens les plus doux
Qu’elle passe auprès d’un époux,
Dont sa personne est possédée,
Loin de luy son cœur à l’écart
S’émancipe vers quelque idée
Où mon amour n’a point de part.

Ainsi, rien de bon ne m’arrive ;
Tantôt l’intérêt d’un rival,
Tantôt le devoir conjugal,
De mes espérances me prive.
Elle a quelque bonté pour moy,
Mais la tiédeur que je luy voy
Cause mon désespoir extrême.
Qu’ay-je à prétendre sur ce point,
Estant toute pour ce qu’elle aime,
Et pour ce qu’elle n’aime point ?

N’estoit que je suis plein d’audace,
Parce que je suis plein d’ardeur,
La place que j’ay dans son cœur
Seroit une assez bonne place.
Mais de m’y voir comme cela
Au milieu de ces Messieurs-là,