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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


S’il reste vers ces derniers temps
Quelque trait à vos yeux de leurs traits adorables,
Ils vous feront au moins tout autant d’inconstans
Que vous faites de misérables.

Pour vous payer, on vous rendra
Cette infidélité qui n’épargnoit personne ;
Et de vôtre printemps la faute deviendra
Le supplice de vôtre automne.

Vous verrez avecque rougeur
Vos charmes ne donner que de foibles atteintes ;
Et nous pourrons bien voir quelque mépris vengeur
Naître de vos grâces éteintes.

Mais malgré le dépit que j’ay,
Le ciel garde pourtant vôtre beauté parfaite ;
Encore que je sois un amant outragé,
Je désire estre un faux prophète.