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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Même en ce beau rivage, où la mer se couronne
De bouquets d’oranger,
On vit le Dieu des Eaux, quittant sceptre et couronne,
Sous ses loix se ranger.

Elle est, il est bien vrai, digne d’être admirée
De tous également ;
Mais sa divinité ne doit être adorée
Que de nous seulement.

Chacun serve ses Dieux ; les prêtres de Cibelle
Aux Autels de Vénus,
Leur offrande à la main, quoique pompeuse et belle,
Seroient les mal-venus.

Aussi, quoiqu’elle jure et quoiqu’elle vous mente,
Vous croyez vainement
Qu’elle ait jamais pour vous cette ardeur véhémente
Qu’on a pour un Amant.

Pour peu que de bon sens sa raison soit guidée,
Elle voit aisément,
Que vôtre passion n’est qu’une folle idée,
Ou qu’un déguisement.