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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Sur une voye de bois.

STANCES.


Pendant ce froid cuisant, vous me comblez de joye
De me vouloir ainsi parer de sa rigueur ;
Et, quand je suis sans bois, m’en promettre une voye,
C’est une douce voye à me gagner le cœur.

Quoique je ne possède encor qu’en espérance
Un trésor en hyver si doux et si plaisant,
J’en ressens toutefois des effets par avance,
Et l’offre me réchauffe au défaut du présent.

Je sçay que, l’acceptant, ma honte est évidente,
Et qu’un autre que moy seroit plus circonspect ;
Mais j’avouë à vos pieds, aimable Présidente,
Que je tremble de froid autant que de respect.

Un amour effectif en mon âme préside.
Qui tient la bagatelle indigne de ses vœux ;
Et c’est bien, ce me semble, aller droit au solide
Que prendre des cottrets plutôt que des cheveux.