Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/181

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de l’autre côté de la rivière, à cinq cents mètres de la grotte, lorsque la jeune Allemande arriva dans cette grotte pour y faire ses actions de grâces.

De l’endroit où les visiteurs se tenaient, il leur était impossible de discerner nettement le moindre détail de ce qu’ils voyaient. Simplement ils contemplaient l’ensemble de la scène, qui leur faisait l’effet d’un tableau de feu. Les églises, sur la gauche, se dessinaient lumineusement jusqu’aux dernières lignes du toit, contre le ciel sombre ; et au-dessous s’exhalait le doux rayonnement d’innombrables torches portées parla foule. Au-dessus de la grotte, l’abrupte falaise était toute noire, à l’exception de quelques sentiers en zigzag, qui formaient comme des ruisseaux lumineux. Et en face, pardessus le lac de feu constitué par la troupe serrée des pèlerins en prière, scintillait délicieusement la grotte où s’étaient un jour reposés les pieds de Marie, et où sa puissance avait continué de vivre, depuis lors, bien loin par delà les souvenirs du plus vieux des habitants de la ville.

Impossible également, à cette distance, d’entendre d’autres sons que le murmure ininterrompu des voix de ces innombrables milliers de fidèles. C’était comme le roulement continu de roues lointaines, ou bien encore comme l’écho de la marée envahissant un rivage rocheux. Et il n’y eut pas jusqu’aux cris de bienvenue annonçant l’arrivée du petit groupe qui ne fissent l’effet d’une chanson harmonieuse, apportée de très loin par la brise du soir.