Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/198

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présent, elles se trouvaient en partie inapplicables.

— Comment cela ?

— Par exemple, nous avions des lois contre la propagation de l’hérésie : mais ces lois n’étaient appliquées, et ne pouvaient l’être, que dans des cas extrêmes. C’est ainsi que des discours socialistes et matérialistes pouvaient être prononcés librement dans une foule de cercles, dissimulés sous le nom de maisons privées. Les infidèles ne s’en plaignaient pas moins d’être victimes de notre tyrannie ; naturellement, ces plaintes ont toujours fait partie de leur programme : mais, en fait, ils se trouvaient complètement libres, aussi longtemps que leur action ne s’exerçait pas publiquement. Ils ne se faisaient pas faute de distribuer leurs brochures, d’entraîner les naïfs dans leurs cercles, et ainsi de suite. Impossible pour l’État de leur témoigner une rigueur efficace, eu raison de l’espoir que nous offrait la perspective d’une prochaine adhésion de l’Allemagne au catholicisme. Toujours aussi ils avaient le moyen de se rencontrer là-bas, d’y faire imprimer leurs écrits ; et, de ce fait, nous nous trouvions réduits à l’impuissance. Tandis que désormais, évidemment, cette résolution de l’empereur va changer la situation de fond en comble. L’empereur est un de ces hommes d’esprit un peu lourd, mais obstinés et résolus, qui, une fois qu’ils ont adopté un principe, entendent l’appliquer jusque dans le moindre détail. Tout le temps qu’il demeurait hésitant, il se piquait de laisser aller