Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entier, la distribution des fermes, le règlement d’interminables disputes entre émigrants de nationalités diverses, tout cela procurait assez de travail au Comité central pour en occuper les membres du matin au soir.

Ce fut vers la fin de la quatrième journée que monsignor se fit conduire en voiture à travers la ville, un peu pour respirer plus à l’aise, et un peu pour se rendre compte par soi-même de la manière dont les choses s’arrangeaient.

Assurément, ainsi qu’il devait se le répéter plus tard, ce n’était point là pour lui une occasion équitable de juger de la vie d’un État, socialiste, telle qu’elle pouvait être lorsque déjà tous les rouages se trouvaient en bon ordre. Et cependant il avait l’impression que, tout en faisant la part de ce qu’il y avait de provisoire dans la confusion et le bruit et l’encombrement qu’il découvrait autour de soi, le nouveau monde où il se trouvait plongé s’imprégnait profondément d’un esprit tout différent de celui de la société chrétienne. Il n’y avait pas jusqu’aux visages qui ne lui apparussent revêtus d’une empreinte particulière.

Aussi bien finit-il par arriver dans un quartier où, depuis longtemps déjà, une population socialiste s’était installée à demeure. Les maisons étaient propres et coquettes, la plupart nouvellement peintes ; et les gens allaient à leurs affaires avec une régularité, un calme parfaits. Dans l’un des coins du square s’élevaient les vastes Magasins généraux,