Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/297

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Mais enfin voici que la pieuse curiosité du jeune prêtre allait probablement être satisfaite. Il se rassit hâtivement auprès du malade, et attendit.

Le malade lui-même reposait doucement, les yeux clos, avec une expression merveilleuse de repos et de paix. Une lumière étrange enveloppait ses traits, si profondément sereine et comme intérieure qu’il paraissait impossible au jeune prêtre d’y voir seulement une réflexion de la blancheur rayonnante des murs et de la literie. Le menton, les mâchoires, les lèvres, tout cela était recouvert d’une végétation grisonnante librement poussée depuis quinze jours ; les yeux s’enfonçaient dans les trous des orbites, à peine plus profonds que ceux qui creusaient les deux tempes jaunies ; et cependant il y avait, sur tous ces traits, une certaine clarté quasiment juvénile, aussi différente que possible de l’obscurcissement causé d’ordinaire par la proximité de la mort, une clarté à laquelle, décidément, le jeune vicaire ne pouvait s’empêcher d’attribuer une origine surnaturelle.

— Le signe du prophète Jonas ! murmura tout d’un coup le prêtre mourant. La Résurrection.

— Comment ?

— Oui, voilà ce que j’ai vu ! reprit le mourant. Oh ! sans doute, je sais que cela n’était qu’un rêve : mais ce que j’ai vu dans ce rêve n’a rien d’impossible dans la réalité. Ce que j’ai vu peut s’accomplir vraiment un jour, ou bien ne s’accomplir jamais. Mais pourquoi les générations futures n’as-