Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/18

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prologue

teurs, était un homme de figure originale et attirante. À peine âgé de trente-cinq ans, il avait des cheveux d’un blanc de neige. Ses yeux gris, sous leurs sourcils noirs, avaient un éclat étrange, ardemment passionné : mais son nez et son menton proéminents, ainsi que la coupe très nette de ses lèvres, rassuraient l’observateur sur sa maîtrise de soi et sa volonté. C’était un de ces hommes que l’on ne peut rencontrer, au passage, sans éprouver le besoin de les dévisager.

Son collègue et ami le P. Francis, assis de l’autre côté de la cheminée, se rapprochait beaucoup plus du type moyen : malgré l’expression fine et intelligente de ses grands yeux bruns, l’ensemble de ses traits dénotait un caractère manquant d’énergie ; et l’on devinait même, dans le mouvement de ses lèvres, dans la façon dont il tenait ses paupières à demi baissées, une certaine tendance à la rêverie sans objet.

Quant à M. Templeton, c’était, tout bonnement, un très vieil homme, avec un vigoureux visage tout ridé, — entièrement ras, d’ailleurs, comme l’étaient alors tous les visages du monde. Il reposait doucement dans l’ample fauteuil, appuyé sur ses coussins d’eau chaude, une couverture étalée sur ses jambes.

Enfin il parla, s’adressant d’abord à Percy, qui s’était assis à sa gauche.

— Eh ! bien, dit-il, c’est une très grosse affaire, pour moi, de me rappeler avec précision des choses aussi lointaines ; mais voici, du