Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/225

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une proclamation publique et collective de ce qui était, à présent, la croyance universelle. Toujours elle avait souffert de l’épaisseur intellectuelle des gens qui se contentaient des faits de la vie sans considérer leur source. Elle souhaitait de prendre part, avec ses semblables, à une fête solennelle, dans un temple consacré non point par de vaines formules sacerdotales, mais par la volonté de l’homme ; d’avoir, pour inspirer son enthousiasme, de beaux chants et l’imposante voix des orgues ; d’exprimer ses émotions en compagnie de mille autres cœurs, se prosternant avec elle devant l’Esprit du Monde ; et de chanter très haut la gloire de la vie, et d’offrir, par des cérémonies et le parfum de l’encens, un hommage symbolique à la force dont elle avait tiré son être, et qui, un jour, le lui reprendrait. Ah ! cent fois elle s’était dit que ces chrétiens, avec toutes leurs folies et leurs mensonges, comprenaient merveilleusement la nature humaine ; il est vrai qu’ils l’avaient dégradée en enténébrant la lumière, en emprisonnant la pensée, en tuant l’instinct : mais, du moins, ils avaient compris que l’homme, sous peine de déchoir, avait besoin d’adorer.

Pour son compte, elle était bien résolue à se rendre, au moins une fois par semaine, à la vieille petite église voisine de sa maison, et, là, à s’agenouiller devant le sanctuaire lumineux, à méditer sur les doux mystères, à se mettre en présence de cet Esprit qu’elle avait soif d’aimer.

Et, en attendant, voici que Felsenburgh allait