Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/274

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avait été balayé par cet éclat meurtrier d’un peuple qui partageait sa foi ! Ces gens-là n’étaient pas meilleurs que les chrétiens ! Ils dépassaient même en cruauté les hommes dont ils se vengeaient ! Les ténèbres régnaient en eux, aussi noires que si le sauveur du monde, Felsenburgh, ne fût pas venu ! Tout était perdu !… La guerre, et la passion, et le meurtre, étaient rentrés dans le corps d’où elle les avait crus chassés à jamais… Les églises incendiées, les catholiques traqués, les corps de l’enfant et du prêtre portés par les rues, la destruction des églises et couvents… Un flot de plaintes s’écoulait d’elle, incohérent, interrompu par des sanglots, des images d’horreur, des reproches ; et sans relâche elle tordait ses mains, sur les genoux d’Olivier.

Il la souleva, et l’écarta un peu de lui. Tout épuisé qu’il fût par les fatigues de la journée, il sentait qu’il avait le devoir de la calmer. Jamais, encore une crise aussi grave ne s’était produite chez elle ; mais il connaissait aussi le merveilleux ressort qui, chaque fois, finissait par la remettre sur pied.

— Reste assise en face de moi, ma chérie ! lui dit-il. Là !… donne-moi ta main !… Et maintenant, écoute-moi !…

Il lui débita le plaidoyer, vraiment très habile et très éloquent, que, d’ailleurs, il s’était adressé à lui-même durant toute la journée. Les hommes, dit-il, étaient loin encore d’être parfaits : dans leurs veines coulait le sang de