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Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/286

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II

Lorsque la cloche seule s’était mise à sonner, retentissant comme un coup de vent continu, à l’intérieur des hautes voûtes, Mabel était venue s’asseoir dans le fauteuil qui lui était réservé : et, maintenant, de tous ses yeux, elle contemplait le spectacle merveilleux qui se déroulait devant elle.

D’une extrémité à l’autre et d’un côté à l’autre, l’intérieur de l’Abbaye lui présentait une immense mosaïque de visages humains. Le transept sud, en face d’elle, n’était qu’une masse de têtes, depuis le bas jusqu’à la rosace de verre. Le chœur, par delà l’espace libre ménagé devant l’autel, était rempli de figures blanches, en jupes et en surplis ; et non moins encombrée apparaissaient la galerie de l’orgue, et toute la nef s’étendant à l’infini. Entre chaque groupe de colonnes, derrière les stalles du chœur, des estrades avaient été dressées, portant des sièges somptueux, dont pas un n’était inoccupé. L’espace entier était animé d’une fine et transparente lumière, qu’on aurait crue celle du soleil d’été, mais qui provenait de lampes électriques placées à l’extérieur de toutes les fenêtres. Et le murmure de dix mille voix semblait un accompagnement naturel des appels mélodieux qui vibraient au-dessus de lui. Enfin, plus émouvant encore que le reste de ce que voyait la jeune femme, s’ouvrait, à ses