Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/292

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noire et écarlate : mais c’est à peine si elle eut le loisir de le remarquer. Pour elle, comme pour chacun des milliers d’êtres qui remplissaient l’Abbaye, personne n’existait plus que Lui seul ; le vaste assemblage qu’elle avait vu tout à l’heure avait maintenant disparu, fondu et transfiguré en une atmosphère vibrante d’émotion humaine. Nulle part, il n’y avait personne que Julien Felsenburgh. Et la paix et la lu mière brillaient, comme une auréole, autour de lui.

Enfin, il atteignit sa place réservée ; et Mabel put distinguer un moment son profil, pur et fin comme la pointe d’une canif, sous ses cheveux blancs. Il souleva légèrement une manche fourrée d’hermine, fit un geste bref, et, tout de suite, les dix mille assistants se rassirent. Et, de nouveau, il y eut un silence.

Il se tenait, à présent, parfaitement immobile, les mains jointes, et le visage fixé obstinément devant lui ; on eût dit que celui qui avait attiré à lui tous les yeux, et dominé tous les cœurs, attendait que son autorité devint plus complète encore, et que le monde entier ne fût plus qu’une volonté, un désir, tout cela dans sa main. Puis, après un long temps de cet étrange silence, il parla…

De cela encore, Mabel dut s’avouer, plus tard, qu’aucun souvenir précis ne lui restait ; il n’y avait pas eu en elle cette opération cons ciente par laquelle, d’habitude, elle contrô-