Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/336

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statue s’était brusquement animée ; et le servant en éprouva comme un choc douloureux.

Ordinairement, après la messe du pape, celui-ci avait coutume d’assister à une seconde messe, dite par son chapelain ; mais, ce jour-là, aussitôt que les vêtements sacrés furent déposés, l’un après l’autre, dans l’armoire de bois, Sylvestre se tourna vers son compagnon :

— Mon père, dit-il doucement, allez tout de suite sur le toit, et dites au cardinal de se préparer ! Je vais venir dans cinq minutes.

Sans faute, ce serait une journée de sirocco ! songea le prêtre, en arrivant sur le toit plat. Au-dessus de lui, au lieu du bleu clair qu’il voyait tous les jours à cette heure matinale, s’étendait un ciel d’un jaune pâle, et qui s’assombrissait même jusqu’au brun, à l’horizon. Thabor, devant lui, apparaissait lointain, obscur, vu à travers une impalpable atmosphère de sable ; et, dans la plaine, derrière lui, au delà de la tache blanche de Naïm, rien n’était visible que les contours pâles des pointes des hauteurs, contre le ciel. En outre, même dès cette heure matinale, l’air était pesamment chaud et irrespirable, coupé seulement par la soulevée lente d’une brise du sud-ouest, qui, soufflant à travers des lieues sans nombre de sable, de plus loin encore que l’Égypte, recueillait toute la chaleur de l’énorme continent privé d’eau, et venait la verser sur ce pauvre coin de terre. Le Carmel, lui aussi, lorsque le prêtre se retourna, était baigné