Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en levant les yeux sur elle ; il aurait infiniment préféré la voir révoltée, furieuse et pleurante.

— Mabel ! s’écria-t-il.

— Donc, tu as signé ?

— J’ai signé ! dit-il enfin.

Elle se retourna, et fit un pas vers la porte : mais il s’élança sur elle.

— Mabel, où vas-tu ?

Et alors Mabel, pour la première fois de sa vie, mentit à son mari, pleinement et résolument.

— Je vais me reposer un peu, dit-elle. Je te reverrai tout à l’heure, à souper !

Il hésitait encore à la laisser partir : mais il rencontra son regard, bien pâle en vérité, mais si honnête et si pur qu’il en fut consolé.

— Très bien, ma chérie !… seulement, je t’en conjure, Mabel, essaie de comprendre !

Une demi-heure plus tard, il descendit pour le souper, armé de logique, mais, aussi, enflammé d’émotion. Les arguments qu’il allait exposer à sa femme lui semblaient, à présent, d’une force irrésistible ; étant données les prémisses que tous deux avaient acceptées, et sur qui tous deux avaient fondé leur vie, la conclusion était, simplement, nécessaire et fatale.

Il attendit une minute ou deux ; puis, ne voyant pas arriver Mabel, il prit le tube qui communiquait avec l’office.

— Où est Mme Brand ? demanda-t-il.

Il y eut un instant de silence, après quoi vint la réponse :