Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/357

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— Hélas ! monsieur Francis, je ne comprends rien à toutes ces choses !

Le sourire du grand cérémoniaire se nuança d’indulgence.

— Je vous crois sans peine ! dit-il. Tout cela est d’une folie extravagante ! Et cependant, voyez-vous, il y a en un temps où j’y ai cru, moi-même.

— Mais c’est contraire à la raison ! dit-elle.

Il eut un petit geste ambigu.

— Oui, dit-il, en un sens, cela est entièrement contraire à la raison : mais, en un autre sens…

Soudain, elle se pencha en avant, de tout son corps, et il put apercevoir l’éclat enflammé de ses yeux, sous son voile blanc.

— Ah ! dit-elle, presque sans souffle. Voilà justement ce que je désirais apprendre ! Oui ! dites-moi comment ils se justifient de croire à de telles doctrines !

Il se tut un moment, et parut réfléchir.

— Eh ! bien, dit-il lentement, autant que je puisse me rappeler, ils disent qu’il y a encore d’autres facultés, à côté, et même au-dessus, de celles de la raison. Ils disent, par exemple, que parfois le cœur découvre des choses que la raison ne voit pas, — des intuitions, — comprenez-vous ? Ainsi, ils disent que toutes les choses telles que le sacrifice de soi-même, et l’honneur, et même l’art, que tout cela provient du cœur ; que la raison n’y intervient qu’ensuite, dans les règles du métier artistique, par exemple, mais