Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/362

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avait été admirablement gardé. Aucun indice n’était venu lui révéler que son mari eût la moindre connaissance de ses intentions ; mais, au reste, elle savait que, dans les cas de ce genre, la police était tenue de prêter assistance aux fugitifs. Dans le nouveau monde socialiste, l’individualisme avait encore conservé ce dernier droit : les personnes fatiguées de la vie étaient autorisées à sortir de la vie sans empêchement. Et quant à savoir pourquoi elle avait choisi ce moyen-ci, pour en sortir, c’est parce que tout autre moyen lui avait paru impossible. Le couteau exigeait, à la fois, de l’adresse et de la résolution ; les armes à feu étaient hors de sa portée ; et les nouveaux règlements de police rendaient plus difficile que jamais l’achat d’un poison. Et puis, en outre, elle désirait sérieuse ment mettre à l’épreuve ses intentions, et bien s’assurer qu’il n’y avait pas d’autre issue pour elle.

Or, de cela, elle était plus certaine que jamais. La pensée de la mort lui était venue, pour la première fois, dans l’atroce souffrance que lui avait causée l’éclat de cruauté d’un certain soir de décembre. Puis cette idée s’en était allée, balayée surtout de son esprit par la pensée que, en effet, l’homme restait encore capable de retours en arrière.

Mais ensuite, une fois de plus, l’idée lui était revenue, comme un fantôme glacé et irrésistible, dans le clair jaillissement de lumière projeté sur elle par la déclaration de Felsenburgh. Depuis